Loïc Bruté de Rémur : se réinventer pour passer la crise

Par Amandine

Loïc Bruté de Rémur est un entrepreneur désormais bien connu dans la région de Montpellier, engagé depuis le début aux côtés de notre association.

Producteur de fruits, traiteur (O’CBON), commerçant, ce boute-en-train fournit les meilleurs restaurateurs de Montpellier (les frères Pourcel, Guillaume Leclere, Thierry Alix, la Table des Poètes…), et milite pour la qualité et le goût des produits authentiques.

Comme la plupart des professionnels de l’alimentaire, Loïc n’a pas été épargné par la crise de la Covid-19, mais il ne manque pas d’idées pour se réinventer sans cesse. Tour d’horizon en trois questions.

 

Loïc, peux-tu nous en dire plus sur toi ?

Je suis un passionné du produit : j’aime transformer les produits bruts pour en faire quelque chose qui va régaler les gens.

Cela me vient notamment de mon parrain, qui était une fine bouche sur Montpellier, une “fine gueule”. Il m’a offert mon premier saucisson à 6 ans, et m’en offrait un à chaque anniversaire. Ça peut faire sourire, mais ça conditionne toute ma vie !

Après une formation de technicien alimentaire, j’ai débuté ma carrière dans l’agroalimentaire, dans la filière carnée plus précisément. J’ai ensuite réalisé un cursus en école de commerce, avant de devenir directeur commercial dans la filière viande. Un milieu que j’ai quitté quelques années après pour des raisons d’éthique commerciale.

C’est ainsi que j’ai créé avec Bertrand, qui exploitait déjà les terres, Les Vergers de Saint Jean. C’est une exploitation qui produit historiquement des pommes, et dont Bertrand à diversifié la production en y plantant des cerisiers, des abricotiers, pêchers et pruniers. Les fruits produits et les légumes de saison locaux sont vendus au maximum en circuits courts via le magasin de St Jean de Védas et la libre cueillette.

Nos paniers de fruits et légumes sont commandables en ligne, avec un retrait possible à l’exploitation ou en point relais chez nos partenaires restaurateurs (4 restaurants points de retrait actuellement sur Montpellier, plus un dédié à la résidence du Nouveau Monde).

A partir de décembre, nous allons aller plus loin en mettant des paniers de fruits et légumes et autres produits locaux à disposition des consommateurs, via un système de casiers réfrigérés.

 

 

Comment sélectionnes-tu les produits qui entrent dans la composition des paniers ?

Certains produits sont de ma propre production, comme les pommes, les prunes ou les abricots, et je complète avec plusieurs sources d’approvisionnement dont je suis sûr de la qualité. Par exemple pour la pomme de terre, on en produit très peu en Occitanie, je m’approvisionne donc dans le Nord de la France pour la variété Bintge. 

Par contre, les poireaux et les carottes sont d’ici, de Capestang, de Mauguio, de Lattes… 

Mon premier critère de sélection, pour les clients comme pour moi, c’est le goût.

Le deuxième critère est bien évidemment la traçabilité, en privilégiant le bon sens : par exemple, pour les clémentines, je préfère acheter des clémentines en Espagne, qui ont fait moins de trajet que les clémentines de Corse. Le choix de chaque produit qui compose les paniers de fruits et légumes nécessite un arbitrage entre l’aspect gustatif, la qualité du produit, et bien sûr le coût écologique.

Chez les Vergers de St Jean, nous vendons aussi de la charcuterie, fournie par un ami Lyonnais : j’ai sélectionné ces produits parce que je sais exactement comment ils sont faits. Nos paniers comportent aussi des œufs fermiers ultra frais, qui nous sont livrés trois fois par semaine.

On a également des jus de fruits bio issus de vergers des Pyrénées Orientales, du miel de Murviel-lès-Montpellier, des bières locales artisanales, et même du cidre qui est produit par ma cousine en Normandie !

 

En matière de consommation, les pratiques et les demandes des consommateurs évoluent rapidement. Comment vois-tu l’alimentation de demain ?

Il y a deux choses.

D’une part, les jeunes consomment en profitant de l’uberisation, alors qu’ils travaillent dans des entreprises qui sont vouées à disparaître car pas équipées pour l’ubérisation.

Avec ce type de comportements, ils sont en train de “couper la branche sur laquelle ils sont assis ”, mais je crois que les choses vont tout de même changer. Il y a aujourd’hui une vraie réflexion des consommateurs, avec des changements radicaux qui vont s’opérer dans les années à venir : les consommateurs soucieux du contenu de leur assiette sont en passe de construire leur propre marché, avec des systèmes de consommation plus locaux et responsables.

La deuxième chose, c’est qu’on arrive sur une alimentation à deux vitesses : le produit de qualité va finalement se réduire à une offre très limitée, parce qu’il va falloir alimenter beaucoup de gens et de plus en plus dans les années à venir, donc l’industrie va continuer de manière intensive et à moindre coût. Le système actuel permet de produire des aliments de piètre qualité à coûts extrêmement bas, tout en restant dans la légalité : il faut savoir qu’en France, on peut vendre un “cassoulet de Castelnaudary” qui est fabriqué en Allemagne, ou encore produire des articles labellisés dans des zones géographiques très éloignées de l’appellation d’origine pour fournir le marché sans le désorganiser… c’est le cas par exemple pour le jambon de Bayonne ou encore la charcuterie corse.

D’un autre côté, pour les personnes qui ont de faibles moyens, il n’est pas facile d’acheter des produits hautement qualitatifs qui sont forcément plus chers, ce qui explique que beaucoup se rabattent sur des produits à bas coût. Aujourd’hui, avec les charges que l’on s’est rajoutées entre les loisirs et les différents abonnements, le budget alimentation est de plus en plus réduit.

 Un autre frein à la consommation de produits locaux, c’est le fait que les gens qui sont actifs manquent de temps pour venir acheter leurs légumes à l’exploitation. Pour résoudre cette problématique, on a décidé de mettre les produits à disposition des consommateurs, proche de chez eux ou de leur lieu de travail, en installant des casiers réfrigérés pour le retrait des paniers. Ainsi, les personnes qui le souhaitent pourront commander leurs produits (fruits, légumes, fromages, charcuterie…) sur notre site internet, et venir retirer leurs paniers près de leur bureau ou de leur domicile quand ils le peuvent. Certains produits frais et paniers seront également disponibles en achat sur place.

 

 

 Une autre façon de consommer est en marche, et ce n’est pas chez Ramène ta Fraise qu’on dira le contraire !

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Dans le cadre de l’appel à projets lancé par la Région Occitanie sur l’alimentation durable, Ramène ta Fraise a été sélectionnée parmi les 140 candidatures déposées (74 lauréats ont été retenus).
Pour gagner, ce sont désormais les citoyens qui décident !
L’association a donc besoin de vos votes dès maintenant jusqu’au 15 février 2021, en cliquant sur le lien ci-dessous et en sélectionnant le projet Ramène ta Fraise (inscription obligatoire sur le site regioncitoyenne.fr) :
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